Quel avenir pour la Tour Montparnasse ?
Avec ses 5 000 travailleurs et ses 210 mètres, la tour Montparnasse n’en a pas fini de faire parler d’elle. Inaugurée en 1973, elle a longtemps représentée la plus haute tour de France et même d’Europe. Mais comme beaucoup de bâtiments construits à cette période, de l’amiante a été utilisé pour l’isolation, rendant la tour dangereuse pour ses occupants. Malgré des travaux de désamiantage engagés en 2005, de nombreuses entreprises ont fait le choix de quitter la mythique tour afin de protéger la santé de leurs collaborateurs. Ce fût par exemple le choix d’Amundi ou du conseil régional d’Île-de-France. A l’inverse, profitant de loyers défiants toute concurrence (-20% par rapport au prix du marché), des écoles ont décidé de s’implanter à Paris, dans la Tour, comme Audencia (Grande Ecole de commerce) ou Supinfo (Ecole d’informatique). 600 étudiants ont ainsi pris leurs quartiers dans cette tour, des étudiants qui, pour la plupart, ignorent la dangerosité du toxique.
L’amiante est un isolant efficace utilisé depuis 2000 ans. Il a en effet l’avantage d’avoir un faible coût, de résister à des températures élevées, aux agents chimiques, aux micro-organismes ainsi que de bénéficier d’une longue durée de vie. Cependant, malgré des risques connus depuis le début de son utilisation, l’amiante a commencé à être moins utilisée dans les années 1980, jusqu’à son interdiction en France en juillet 1997. C’est dans la moitié du vingtième siècle que l’utilisation d’amiante a été à son apogée. Mais l’apparition des premiers cas de cancers liés à son utilisation ont poussé les pouvoirs publics à prendre des mesures allant dans le sens de son interdiction. Au vu de l’ampleur du phénomène, chaque vente, location, destruction ou projet de travaux, doit désormais être précédé d’un diagnostic amiante dont le but est de détecter la présence de ce matériau dans un bâtiment dont le permis de construire est antérieur au 1er juillet 1997.
La tour représente un gouffre financier et un enjeu juridique important au moment où de nombreuses affaires liées à l’exposition d’amiante des occupants éclatent. D’autant plus que les travaux ont causé des fuites, entraînant ainsi un retard de quelques mois. Avec des travaux estimés à 250 millions d’euros, Nathalie Kosciusko-Morizet, ancienne candidate UMP à la mairie de Paris été même allé jusqu’à proposer la destruction pure et simple de l’édifice. Les travaux engagés rencontrent de nombreux problèmes qui, pour une question de sécurité évidente, retarde le chantier et alourdit la facture d’autant plus que la Tour demeure occupée.
Au cœur de l’actualité, la Tour Montparnasse est ainsi devenue un enjeu politique, économique, touristique, de santé publique, et bien entendu symbolique pour la ville de Paris ainsi que pour les 300 copropriétaires, dont MGEN et Axa.